Un jeune a choisi de mettre fin à ses jours

Chers Parents en deuil,

Quelle tristesse lorsque je lis le journal et que je découvre l’avis mortuaire d’un jeune qui a choisi de mettre fin à ses jours ! Mes pensées vous sont destinées chers parents ainsi que pour la fratrie, la famille, les amis et toutes les personnes touchées par cet acte irrémédiable ! Quel tsunami dans votre vie et comment faire pour garder la tête hors de l’eau ! Ce drame me remplit de compassion pour vous…

Je vous adresse donc ma première réflexion en tentant de chercher avec vous le sens au geste d’un enfant qui met fin à ses jours… Pour cela je vais m’appuyer sur le livre de Christophe Fauré « Après le suicide d’un proche, vivre le deuil et se reconstruire ».

Qu’est-ce qui pousse un (e) jeune à se suicider ? Je n’ai pas la réponse mais plusieurs hypothèses… Et en même temps chaque situation est unique et que le résultat final est une terrible et douloureuse réalité : un enfant a choisi de se tuer !

Quelle est la visualisation ou la conception de « l’après » pour un(e) adolescent(e) ? Quel est le mécanisme qui l’agite pour oser passer à l’acte ?

Serait-ce une tentative d’adaptation pour « moins » souffrir ? Une façon de reprendre au plus vite la main sur son destin? Est-ce que le projet n’est pas de mourir à cette vie-là mais de vivre une nouvelle vie ou comme si le message était : « Je ne voulais pas mourir, je voulais juste me tuer ! Éliminer la partie de moi qui me fait souffrir ! »

Et à la question du « pourquoi » qui est présente à chaque instant et ne laissant aucun répit à l’esprit. Qu’y avait-il dans sa vie d’insupportable ? Qu’est-ce que je n’ai pas vu qui aurait pu faire la différence ? Pourquoi en est-il(elle) arrivé(e) là ? Pourquoi ? Pourquoi ? On pressent qu’il n’y aura pas de paix tant qu’on n’aura pas trouvé de réponse à ces questions.

Malgré les nombreuses recherches sur le sujet, il persiste un flou relatif sur l’existence d’un profil spécifique chez les personnes suicidaires/suicidées. Elles ne constituent pas un groupe homogène. On retrouve certains traits de caractère, comme une difficulté à faire face ou à s’ajuster au changement, un regard très critique sur soi-même couplé à une faible estime de soi ou encore une composante de perfectionnisme, avec un niveau d’exigence vis-à-vis de soi-même particulièrement élevé. Mais est-ce que cela suffit à conduire au suicide ? On sait également que le suicide peut survenir dans un contexte de perte, un être cher (par décès ou par rupture), la perte d’un travail ou d’un statut particulier. La perte, au sens large, est manifestement un facteur participant au mouvement suicidaire, mais toute personne exposée à un tel stress ne passe pas nécessairement à l’acte. D’autres éléments entrent manifestement en compte.

Le suicide n’est pas un acte isolé. Il ne peut pas être compris « en soi », en faisant abstraction du contexte familial, professionnel, social ou culturel dans lequel il prend place. Il est la résultante d’un processus dont les racines se perdent dans l’extrême complexité de l’esprit humain. En apparence, tous les cas de figure sont possibles : de l’acte lentement mûri pendant de mois jusqu’au passage à l’acte impulsif, à la suite d’une violente dispute par exemple. Néanmoins, il semble exister des forces souterraines communes entrant dans la genèse de la dynamique suicidaire, même si le suicide paraît soudain et impulsif. D’ailleurs, ces passages à l’acte impulsifs ne sont-ils pas eux-mêmes que la partie visible de l’iceberg ? Ils prennent aux yeux d’autrui, l’apparence d’un coup de tonnerre dans un ciel serein, alors que la tempête couvait peut-être depuis déjà longtemps, à un niveau inconscient.

Alors comment avancer sur le chemin du deuil avec le mélange d’émotions qui vous submergent entre les différents sentiments :

  • Le sentiment de culpabilité
  • Le sentiment de honte
  • Le rejet et le sentiment d’abandon
  • Le sentiment de colère
  • Le sentiment d’impuissance
  • L’auto-accusation

Comment faire dans votre relation avec autrui ? Le deuil est un voyage intérieur qu’on ne peut dissocier du regard des autres. Qu’on le veuille ou non, ce regard participe à la façon de vivre la peine, même si on se dit affranchi de ce que les gens pensent. Quand le suicide survient, le regard d’autrui se charge d’une pesanteur qu’on aurait voulu éviter ! L’attitude change irrémédiablement, pour le meilleur ou pour le pire. Le pire c’est de lire la crainte, la peur ou encore l’évitement dans les yeux de ceux qu’on rencontre. Rien n’est dit, mais c’est tout comme…

Le deuil est un chemin de solitude. Cependant, comme dans toutes les épreuves de la vie, nous avons besoin de compagnons de route pour cheminer à nos côtés. Nous sommes des êtres humains, interdépendants les uns des autres, et nous pouvons trouver du réconfort auprès des gens qui nous entourent, même si c’est nous qui devons faire le plus gros du travail !

Alors chers parents, je vous souhaite de réunir autour de vous un réseau de soutien de qualité. Cela n’enlèvera rien à votre douleur mais elle constitue une aide inestimable pour ne pas sombrer. Le suicide ne résume pas la vie de la personne que vous avez perdue. Ne laisser pas votre deuil résumer le reste de votre existence : vous êtes bien plus que cela, vous aussi. Le suicide vous a déjà dérobé la vie de cette personne ; ne le laissez pas vous dérober la vôtre ! Soyez pleinement ce que vous devez être maintenant, avec vos blessures et vos cicatrices, mais également avec toutes les forces vives de votre être. Vous n’avez pas souhaité cette mort ! Et un jour vous ferrez de votre vie retrouvée un témoignage de résilience et un hommage à votre enfant. Vous honorerez sa mémoire par ce que vous faites aujourd’hui de votre propre vie.

Je suis de tout mon cœur et mes pensées avec vous…

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